L’économie sénégalaise va souffrir de l’embargo décidé par la CEDEAO contre le Mali

Les sanctions décidées le 10 janvier 2022 par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre les putschistes au Mali, accusés de vouloir rester longtemps au pouvoir, vont avoir un impact direct sur une partie des recettes de l’Etat sénégalais. Selon un document produit par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) basée à Dakar, le Mali a été en 2021 le premier client du Sénégal avec 19,7% des exportations en novembre 2021, très loin devant les autres Etats de la sous-région. Par ailleurs, sur un volume de près de 945 milliards de francs CFA (environ 1,6 milliard de dollars USD) exportés au cours des 11 premiers mois de l’année 2021, dans 16 pays d’Afrique de l’Ouest - y compris la Mauritanie -, le Mali a garanti à lui seul plus de la moitié du trafic, soit près de 500 milliards FCFA (environ 850 millions USD). A titre de comparaison, l’Etat de Côte d’ivoire, second client du Sénégal, avec l’économie la plus puissante de la zone de l’Union monétaire ouest africain (UMOA), a assuré moins de 100 milliards de francs CFA (environ 170 millions USD) au cours, soit cinq fois moins, au cours des onze premiers mois de 2021, révèle le document de l’ANSD, vu par WESTAF MINING. La République de Guinée, troisième cliente du Sénégal, a importé moins de 80 milliards de francs CFA (environ 136 millions USD). Ces statistiques indiquent une réalité que les chefs d’états de la sous-région n’avaient pas prise en compte. Le Sénégal, pays démocratique et le seul d’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu de coup d’état depuis son indépendance en 1960, risque d’être le premier affecté par les décisions de la CEDEAO. « Pour autant, faut-il fermer les yeux sur ce qui se passe au Mali ? Je ne le conseillerais pas. Je crois qu’il faut absolument trouver une solution pour que les autorités maliennes sortent de ce plan de conservation du pouvoir afin de réintégrer les instances de l’institution sous-régionale. Et pour cela, il faut un calendrier clair qui fixe une date de transmission du pouvoir aux civils », analyse une de nos sources, un économiste sénégalais. Selon lui, les investisseurs ont besoin de stabilité. Dire qu’il faut dégager les présidents démocratiquement élus pour imposer un régime militaire est une solution risquée qu’il faut analyser en tenant compte du taux d’échecs extrêmement élevé des coups d’états en Afrique ( voir Note1 ) « L’Afrique occidentale doit faire la nette distinction entre la demande des peuples qui rejettent de plus en plus la politique française et les ambitions personnelles des chefs militaires qui veulent rester au pouvoir », tranche-t-il. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Note 1 : Sur plus de 220 coups d’états enregistrés depuis 1963 en Afrique, seul celui du Ghana a réussi à atteindre ses objectifs après la transmission du pouvoir par l’officier supérieur, feu Jerry John Rawlings (décédé en novembre 2020). Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

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