L’arrêt des activités sur le Simandou est « une décision incompréhensible », estiment des experts

La junte militaire en Guinée a décidé jeudi 10 mars 2022 d’arrêter toutes les opérations, liées au développement de la riche réserve de fer du Simandou, en attendant d’avoir plus d’informations sur le projet. Cette évolution du dossier met les investisseurs sous tension. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que l’actuel gouvernement guinéen jette un froid sur le plus grand projet minier jamais initié dans le pays ? Le mystère est encore épais, même si WESTAF MINING a fait sa petite enquête ( voir article « Le projet Simandou bloqué par une décision de la junte militaire » ). Le communiqué du conseil des ministres s’est juste contenté de donner quelques précisions vagues. « Le Président de la Transition a rappelé qu’il avait demandé la mise en œuvre de l’exploitation du gisement de Simandou en tenant compte des intérêts de la Guinée. Malheureusement, à ce jour, malgré sa requête qui date de décembre 2021, il n’y a pas eu de progrès », a affirme-t-il. « Il (le colonel MamadiDoumbouya) a donc instruit la cessation de toute activité sur le terrain en attendant les réponses aux questions posées aux divers acteurs et la clarification du mode opératoire dans lequel les intérêts de la Guinée seront préservés », précise le texte. Le communiqué du conseil des ministres a provoqué une onde de choc chez les investisseurs dont certains voient l’avenir en pointillés. Selon un haut responsable d’une entreprise minière qui s’est adressé à WESTAF MINING, la décision des autorités est non seulement incompréhensible, mais elle pourrait décourager nombre de compagnies qui voudraient s’installer en Guinée. « Il y a quelque chose de basique entrant en ligne de compte dans la motivation d’un investisseur pour s’engager dans un projet : c’est la sécurité juridique. Quand on change les règles en plein match, il est difficile d’inspirer confiance », a fait remarquer notre source. « Des milliards de dollars USD ont été par exemple mobilisés par le consortium WCS (Winning Consortium Simandou) dans le cadre de l’aménagement des infrastructures. Les travaux ont avancé à une vitesse impressionnante. Briser cet élan est un grand risque qui n’est pas dans l’intérêt de la Guinée », souligne-t-elle. Ce patron d’entreprise minière fustige le fait que la décision n’ait pas fait l’objet d’une réflexion pour approfondie car, selon lui, « les conséquences pourraient être très difficiles à gérer ». Une autre source interrogée par WESTAF MINING s’est dit inquiète de la rupture de la continuité de l’Etat pour assumer les engagements pris antérieurement par les gouvernements et les institutions précédentes. Selon elle, l’occasion de réaliser des infrastructures de la taille du Simandou (ouverture d’une mine de fer de classe mondiale, construction d’un chemin de fer de 670km et d’un port en eau profonde pour un coût compris entre 5 à 6 milliards USD) ne se présentera pas dans les 30 prochaines années. « On ne peut pas partir de l’idée selon laquelle, seuls les nouveaux venus ont la lucidité nécessaire pour prendre des actes dans l’intérêt du pays. Ce n’est pas une bonne approche. Non seulement, ces conventions (minières) ont été négociées et vérifiés, souvent avec l’aide des plus grands cabinets spécialisés du monde, mais leur exécution représente un grand espoir pour les populations. C’est cet espoir qui est aujourd’hui douché par cette décision-là », a dit cette source. La réserve du Simandou est divisée en deux parties : le Simandou nord (blocs 1 et 2) est contrôlé par le consortium SMB-Winning (WCS) et la partie sud (blocs 3 et4) est sous concession attribuée au géant Rio Tinto. Présente en Guinée depuis 1997, sous le label de l’entreprise junior RTZ Mining, Rio Tinto s’est limitée à des études préalables et n’a pas initié de travaux de terrain concrets concernant le volet infrastructures. Cette situation a provoqué la méfiance de nombreux experts du secteur minier quant à la volonté réelle de la compagnie anglo-australienne de mettre en valeur son projet… Westaf Mining .................................................................................................................................

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

L’arrêt des activités sur le Simandou est « une décision incompréhensible », estiment des experts

Westaf Mining - Edition n°27 du 15 mars 2022

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