Le Ghana joue la prudence, avec les prix du cacao maintenus à environ 2,85 USD le kilo

Alors que le monde du cacao est secoué par des hausses record, le Ghana, deuxième producteur mondial derrière la Côte d'Ivoire, opte pour la prudence. Pour la campagne intermédiaire 2024/2025, Accra a décidé de maintenir le prix d’achat du cacao à 3 100 cedis par sac de 64 kg, soit environ 48,4 cedis/kg. En francs CFA, cela équivaut à environ 1 800 FCFA/kg, sur la base d’un taux de change de 1 cedi = 37,2 FCFA. En dollars américains, cela représente environ 2,85 USD/kg, selon un taux de 1 USD ≈ 630 FCFA. Cette décision surprend, d’autant plus qu’elle intervient au moment où la Côte d’Ivoire, leader mondial du secteur, vient de porter son prix garanti à 2 200 FCFA/kg — une hausse de 22 % par rapport à la campagne précédente. En dollars, cela équivaut à environ 3,49 USD/kg. L’écart de 400 FCFA/kg entre les deux pays voisins, à l'économie fortement intégrée, risque de provoquer des effets secondaires notables, notamment une intensification de la contrebande transfrontalière. Avec près de 700 km de frontière commune, le risque est réel. Certains experts estiment que 10 à 15 % de la production ghanéenne pourrait être vendue illégalement en Côte d'Ivoire si l'écart de prix persiste, attirée par une rémunération plus avantageuse. Ce phénomène, en plus de menacer les revenus de l’État ghanéen, pourrait déstabiliser davantage le marché local et fausser les prévisions agricoles. Le paradoxe est frappant : alors que le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent à eux deux plus de 60 % de la production mondiale de cacao, leurs stratégies restent désynchronisées malgré leur adhésion commune à l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana (CIGCI). Cette plateforme, censée harmoniser les politiques tarifaires et renforcer leur pouvoir de négociation face aux grands industriels du chocolat, montre ici ses limites. Face à cette situation, le Ghana pourrait redoubler d’efforts pour contenir la fuite de ses fèves. Un renforcement des contrôles aux frontières est attendu, mais cela pourrait ne pas suffire. Le pays devra sans doute explorer d’autres leviers comme des primes de qualité, des subventions logistiques ou des incitations fiscales pour encourager les producteurs à rester dans le circuit officiel. Le choix de la stabilité, dans un marché mondial où les prix du cacao ont franchi la barre symbolique des 10 000 USD la tonne à la Bourse de New York en mars 2024, ressemble à un pari audacieux. Reste à savoir si ce pari s’avérera payant… ou coûteux à long terme. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 98 du 15 Avril 2025

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