Le Sénégal, entre croissance pétrolière et exigence de transparence

En mai 2025, le Sénégal affiche fièrement ses avancées dans l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières. Sur le papier, les chiffres impressionnent : le champ offshore de Sangomar, opéré par l’Australien Woodside Energy, a déjà produit 12,4 millions de barils de pétrole depuis janvier. Quatre cargaisons, représentant près de 3,8 millions de barils, ont été exportées rien qu’en avril. Le gouvernement maintient ses prévisions de production annuelle à plus de 30 millions de barils, signe d’une montée en puissance indéniable dans l’industrie des hydrocarbures. Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie, a également franchi une étape avec le chargement de sa première cargaison de gaz naturel liquéfié le 15 avril, marquant le début de la participation du Sénégal au marché mondial du GNL. À l’intérieur des terres, le champ de Gadiaga a fourni plus de 548 000 mètres cubes de gaz naturel au premier trimestre. Ces performances renforcent les prévisions de croissance économique, estimée à 8,4 % en 2025 par le FMI. Mais derrière ces indicateurs flatteurs se cachent des fragilités structurelles. La manne pétrolière, tant attendue, ne garantit pas automatiquement une transformation durable de l’économie sénégalaise. En témoigne le flou persistant autour de la redistribution des revenus, dans un pays où les attentes sociales sont fortes et la pauvreté toujours présente. Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, élu sur des promesses de rupture, tente de renforcer la transparence dans un secteur longtemps critiqué pour son opacité. Il a annoncé vouloir renégocier certains contrats signés avant l’entrée en vigueur du code pétrolier de 2019, plus favorable à l’État. Mais ces velléités se heurtent à des clauses de stabilité juridique qui limitent sa marge de manœuvre. L’État sénégalais reste pour l’instant dépendant d’opérateurs étrangers pour l’extraction, la commercialisation et parfois même l’interprétation des données stratégiques. Le risque est réel de voir les ressources profiter davantage aux majors pétrolières et à une élite nationale qu’à la population dans son ensemble. Le Sénégal entre donc dans l’ère pétrolière à grande vitesse, mais sans filet de sécurité clairement défini. Si la production s'accélère, la question essentielle reste : à qui profitera réellement cette richesse ? Sans gouvernance rigoureuse et vision à long terme, la promesse d’un "Sénégal émergent" grâce au pétrole pourrait bien n’être qu’un mirage. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 100 du 15 Avril 2025

Le Sénégal, entre croissance pétrolière et exigence de transparence

WESTAF MINING édition numéro 100 du 15 Avril 2025

Mise en demeure pour EGA/GAC, première étape vers un retrait de sa concession minière

Environ 4,3 millions de tonnes de bauxite exportées en une semaine de la Guinée

Autres articles

Environ 4,3 millions de tonnes de bauxite exportées en une semaine de la Guinée

Mise en demeure pour EGA/GAC, première étape vers un retrait de sa concession minière

Le Ghana veut réduire sa « dette énergétique », estimée à 2,5 milliards USD

La croissance de l’économie nigériane est robuste malgré une inflation persistante (Banque mondiale)

Tensions persistantes entre Barrick et l’Etat malien, montée en puissance du lithium

Orano porte plainte contre le Niger pour « détention arbitraire » de son personnel

Environ 4,3 millions de tonnes de bauxite exportées en une semaine de la Guinée

Autres Articles

Environ 4,3 millions de tonnes de bauxite exportées en une semaine de la Guinée