Ali Saadi, le dernier combat d’une vie ?

Le multimillionnaire guinéo-libano-français, Ali Saadi (Ndlr : Saade dans le texte), a été inscrit le 04 mars 2022 sur la liste de l’Office of ForeignAssets Control (OFAC) pour avoir introduit en Guinée un homme d’affaires libanais, soupçonné d’avoir des liens avec le Hezbollah, une entité considérée comme un « groupe terroriste » par les Etats-Unis. Saadi clame son innocence et promet de mener le combat pour laver son honneur. Avec sa démarche volontaire, ses yeux malicieux, et cette énergie étonnante pour un homme de près de 80 ans, Ali Saadi affiche une sérénité en dépit de la gravité des accusations qui lui ont valu son inscription sur la liste de l’OFAC (traduction : Bureau de contrôle des avoirs étrangers), une structure coordonnée par le Trésor public américain. Le décret modifié (13224), visant « les terroristes, les dirigeants et les responsables de groupes terroristes, ainsi que ceux qui apportent un soutien aux terroristes ou aux actes de terrorisme » sur lequel l’OFAC se fonde pour désigner l’ex-patron de SONIT Pêche en Guinée n’offre pas d’autre choix à Saadi que de prouver qu’il a été « injustement accusé » ( Note 1 ). Selon un rapport, vu par WESTAF MINING, l’OFAC affirme que Saadi « entretient une relation étroite avec un partisan du Hezbollah, Kassem Tajeddine, que l'OFAC a désigné en 2009 comme étant un important contributeur financier du Hezbollah ». « Je suis clean. Je n’ai rien fait de tout ce dont on m’accuse et je vais le prouver. Je vais aller jusqu’au bout dans cette affaire », affirme Saadi à ses visiteurs, entre plusieurs appels téléphoniques d’encouragements reçus de ses proches et contacts. Déjà, l’homme, qui détient aussi la nationalité française, a saisi officiellement l’ambassade de France pour prévenir ses officiels du coup de fil de leurs homologues des Etats-Unis lui annonçant, le 05 mars 2022, son inscription sur la liste de l’OFAC. La version de Saadi souligne qu’il a pris contact avec K. Tajeddine suite à une demande expresse de l’ex-président Alpha Condé pour trouver « un investisseur libanais qui pourrait construire un marché public parce qu’il a l’intention de faire évacuer les femmes vendeuses qui occupaient les rues et les trottoirs ». Condé se trouve actuellement en convalescence à Abu Dabhi (Emirats arabes unis) et n’a pas pu être joint, mais plusieurs sources ont confirmé cette version de l’histoire à WESTAF MINING. Selon Saadi, M. Tajeddine a accepté de venir en Guinée « pour une étude » (de la proposition). « Je l’ai introduit chez Monsieur le Président de la République et il a créé une commission pour négocier avec Monsieur Tajeddine. Ma mission s’est terminée à ce niveau. Je n’ai pas assisté à l’élaboration de l’accord, je ne suis pas intervenu dans l’élaboration du contrat, je ne suis pas signataire », martèle l’homme d’affaires dans sa lettre transmise à l’ambassadeur de France. « C’est seulement lorsque Monsieur Tajeddine a été arrêté peut-être en 2017, que j’ai été informé qu’il est affiché sur le site de l’OFAC et qu’il était accusé de financer le Hezbollah, c’est-à-dire quatre ans après l’avoir présenté au président Alpha Condé », a-t-il souligné dans la lettre. Selon les sources de WESTAF MINING, bien avant que les accusations ne soient rendues publiques, Saadi avait déjà cessé de gérer les entreprises qu’il a créées et qui lui ont permis de se lancer dans plusieurs œuvres sociales : constructions de mosquées, aides directes à des nécessiteux et soutien financier à ses proches qui l’ont plusieurs fois sollicité. Sa réputation de prodigue a franchi les limites du quartier Almamya, dans la commune de Kaloum, le centre des affaires de la capitale guinéenne, Conakry, où il est né du second mariage de son père, lui-même installé en Guinée en 1908. Ses demi-frères sont issus du premier mariage de son défunt père avec feu Maféring Camara, cette Guinéenne de Dubréka, une localité située à environ 50 kilomètres de Conakry, que Saadi a lui-même enterrée. L’homme d’affaires sait qu’il va falloir batailler dur pour prouver son innocence, mais il dit s’être préparé psychologiquement pour mener à bien cette important combat pour les dernières années de son existence, avec un avocat américain réputé et spécialisé dans ce genre de dossier. « Il en a vu d’autres, mais il a toujours prouvé qu’il est un esprit combattif et positif. Il l’a non seulement démontré dans ses affaires, mais également quand il a perdu trois de ses enfants au cours de sa vie », a dit à WESTAF MINING un de ses proches. La procédure prévoit une étape de trois mois de vérification pour les mis en cause par l’OFAC ( Note 2 ), renouvelable une seule fois pour la même durée en l’absence d’une réponse favorable, avant que les avocats ne puissent prendre en main le dossier. Tout un programme… ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Note 1 : Ali Saadi précise qu’il n’a pas été interrogé ou interpellé par l’OFAC avant son inscription sur la fameuse liste. L’OFAC n’a pas publié les preuves qui fondent ses accusations. Elle a promis une prime pouvant aller jusqu’à 10 millions de dollars USD pour tous ceux qui vont fournir des informations pouvant étayer ses accusations contre l’homme d’affaires. Note 2 : Le mis en cause doit lui-même entamer la procédure de contestation de son inscription sur la liste de l’OFAC. Le formulaire est accessible en ligne. Westaf Mining .................................................................................................................................

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

Ali Saadi, le dernier combat d’une vie ?

Westaf Mining - Edition n°27 du 15 mars 2022

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