En Guinée, une affaire de « prêt sans intérêts » de 2 milliards USD sent le souffre…

La signature d’un mémorandum d’entente portant sur un « prêt sans intérêts » d’un montant de 2 milliards de dollars USD, entre la République de Guinée représentée par le ministre guinéen de l’Economie et de Finances, Mourana Soumah, et une mystérieuse société dénommée Seesea, suscite de nombreuses questions. Selon un expert en finances, cette affaire est d’autant plus curieuse que le mémorandum d’entente dont il est question stipule clairement la création d’une « banque offshore dénommée Seesea Banque sur l’île de Kassa en Guinée ». En d’autres termes, il était question d’implanter une banque sur une île, peuplée par quelques centaines d’individus, accessible uniquement par voie maritime, sans infrastructures sérieuses, située à 15 minutes de Conakry, la capitale guinéenne. D’après lui, ce type de procédé n’est pas du tout courant dans ce genre de négociations qui ne peuvent être engagées que dans la transparence. « Même les paradis fiscaux sont actuellement soumis à des règles qui permettent d’avoir le minimum de visibilité sur les activités de leurs banques, compte tenu des risques de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et autres activités illicites », souligne cet expert. Une autre source très expérimentée dans les questions de dette, a dit douter de la réalité de ce prêt dont les garanties n’ont pas été précisées dans le mémorandum d’entente. « S’il s’agit de libérer des garanties souveraines équivalentes au montant global du prêt, alors que les paiements censés être faits par Seesea, une société inconnue et qui n’a apparemment présenté aucun historique, en se fiant en tout cas au contenu du mémorandum d’entente, devront être morcelés, ça sent l’arnaque. Le risque est de voir ces garanties souveraines réescomptées et que les acteurs disparaissent après avoir empoché les fonds versés par la banque qui accepte de reprendre les garanties souveraines. Un Etat ne peut pas s’engager avec des inconnus sur cette base », a martelé cette source. « L’autre question que l’on peut poser est pourquoi prêter 2 milliards USD, si on est sérieux, à un taux de 0% ? C’est quand même très étonnant », ajoute-t-elle. Concrètement, le document du mémorandum d’entente précisait que les versements du prêt seront ainsi échelonnés ; 100 millions USD en décembre 2024, puis 200 millions USD en 2025 (sans aucune précision), après 400 millions USD en 2026 (sans précision), puis 500 millions USD en 2027 (toujours sans précision) et enfin 800 millions USD en 2028. WESTAF MINING fait des recherches sur la société Seesea, en vain. Toutefois, ledit mémorandum d’entente signé par les deux parties indique que le « Consortium Seesea » comprendrait trois entités « Chinggis Khan de Singapour (principaux investisseurs dans la Seesea Banque, Banque nationale de Mongolie (investisseur de la Seesea Banque), PowerChina (entrepreneur exclusif au sein du consortium Seesea, n’incluant aucune activité d’investissement dans son champ de travail) »… Sous pression de l’opinion et des accusations fusant de toutes parts, le ministre Soumah a tenté de se justifier auprès du Conseil national de transition, qui fait figure de parlement en cette période de transition. « Sur le mémorandum d’entente entre le ministère des Finances, représentant l’Etat guinéen et une société Seesea (…) juridiquement, il n’est pas contraignant. C’est une intention de négociation. Il n’a aucune valeur juridique engageante (…) On a pris soin de mettre dans les dispositions l’article 9 que les parties se réservent de toute communication jusqu’à ce que tout soit stabilisé pour aller éventuellement vers un mode opératoire qui sera mis dans le cadre d’un contrat commercial », a-t-il tempéré, s’adressant aux membres du CNT, après la fuite du document concernant ledit prêt. Soumah a fait le parallèle entre le mémorandum d’entente avec Seesea et l’accord cadre sino-guinéen, signé en septembre 2017 sous l’ex président Alpha Condé, et qui était d’un montant de 20 milliards USD (Ndlr : dont environ 1,3 milliard auraient été décaissés pour financer les infrastructures et d’autres projets dans ce pays d’Afrique de l’Ouest), soutenant que « c’est aussi un mémorandum »… « C’est un acte de discussion. Ce n’est pas de l’argent qui est décaissable (immédiatement) mais en fonction de la maturité des projets. En tant que ministre des Finances j’ai vu l’opportunité de financement. Le ministre des Finances assure l’équilibre des finances de l’Etat, c’est pourquoi je me suis engagé », soutient-il. Soumah a révélé n’avoir pas agi « en catimini » mais après une réunion avec ses collaborateurs, dont le secrétaire général, le conseiller juridique et le directeur de la dette, « suite à un courrier du Premier Ministre ». Pour le moment, la primature ne s’est pas prononcée sur le dossier, même si le ministère guinéen des Finances, par courrier signé du secrétaire général, Mamoudou Touré, a purement simplement annulé le fameux mémorandum d’entente, après que Seesea ait communiqué publiquement sur son contenu, sans l’accord des autorités guinéennes… Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

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