La pression monte pour la « matérialisation » de l’accord-cadre sur le Simandou

Après la réunion avortée du 23 Mai 2022, initialement prévue entre les différents partenaires dans le méga projet Simandou, la junte militaire veut pousser les compagnies minières à concrétiser les « promesses » contenues dans l’accord-cadre signé en mars 2022. Dans cet objectif, un comité stratégique a été mis sur pied… « Sur la création de la Co-entreprise (Simandou), le Président (Ndlr : de la transition) a expliqué qu’en vue de matérialiser l’application de l’Accord-cadre du 25 mars 2022 signé entre l’État guinéen, Rio Tinto Simfer et WCS (Ndlr : Winning Consortium Simandou), qu’un Comité Stratégique de suivi du Projet Simandou a été créé », a annoncé le conseil des ministres du 9 juin 2022. A cet effet, a souligné le porte-parole du gouvernement guinéen, le colonel Doumbouya a exigé la tenue d’une réunion le vendredi 10 juin 2022, sous sa présidence, « entre l’Etat et ses partenaires, dont l’objectif est de finaliser et de donner de la substance à la co-entreprise en application de cet Accord-Cadre ». « Le Chef de l’État a rappelé que tout manquement à l’atteinte de cet objectif exposera la ou les entreprises à la prise de décisions conformément à cet Accord-Cadre », a-t-il martelé. Cette dernière phrase a été interprétée comme une « menace » par certains acteurs du secteur minier. Selon une source proche du dossier, qui s’est adressée à WESTAF MINING, les compagnies minières sont réticentes à offrir 15% d’actions gratuites dans les infrastructures prévues en BOT (Build Operate and Transfer). « C’est à ce niveau que ça coince. La Guinée veut des actions gratuites là où les compagnies ont des engagements avec ceux qui financent les projets (Simandou nord et Simandou sud) et qu’ils doivent absolument respecter », a-t-elle expliqué. Pour la petite histoire, sur la base de l’étude de faisabilité de WCS, indiquant les coûts de réalisation les moins élevées (environ 14 milliards USD), 15% d’actions gratuites obligeraient les deux compagnies, positionnées sur le méga projet, à rechercher au bas mot… 2,1 milliards USD supplémentaires. « Comment convaincre un investisseur ou un groupe financier d’apporter autant d’argent dans un projet d’infrastructures en BOT dans des conditions pareilles ? C’est impossible et cela ne se fait nulle part ailleurs. Le BOT permet à l’investisseur d’exploiter l’infrastructures, payer des taxes et rendre l’ouvrage à l’Etat au terme de la période d’exploitation », a commenté un expert du secteur minier. Les compagnies auraient d’ailleurs proposé à l’Etat guinéen, déjà propriétaire de 15% d’actions gratuites sur la mine du Simandou, de payer directement la part d’actions qu’il convoite dans les infrastructures ou de le faire en utilisant une partie de ses revenus futurs, sans succès pour le moment, affirme notre source proche du dossier. « La démarche n’a pas de sens car, en attendant, les infrastructures qui doivent revenir gratuitement dans une trentaine d’années à la Guinée, sont un gouffre à charges. C’est la mine qui est rentable aux premières années de l’exploitation », a souligné notre expert. Un autre spécialiste du secteur pense toutefois que la présence de l’Etat guinéen au sein du conseil d’administration de l’entité qui sera chargée de gérer l’ensemble des infrastructures (chemin de fer et port en eau profonde) pourrait être « un atout » pour savoir dans quelle direction le projet est orienté. « Reste à savoir si cela vaut le « sacrifice » que l’on veut imposer à WCS et Rio Tinto », soupire-t-il. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

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Westaf Mining - Edition n°33 du 15 Juin 2022

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