Le désarroi des producteurs ivoiriens du cacao

A mi-parcours de la campagne pour la commercialisation des fèves du cacao, les producteurs ivoiriens de cacao sont dans le désarroi. Des milliers de tonnes restent bloquées dans les deux principaux ports d’Abidjan et de San-Pedro. Contacté par téléphone par WESTAF MINING, un spécialiste affirme, sous le couvert de l’anonymat, que le problème d’exportation des fèves du cacao est dû essentiellement au prix Cours d’assurance fret (CAF). Ce prix est essentiellement négocié sur le marché international, (Esty), le nœud gordien qui bloque la commercialisation du cacao ivoirien. Pour les autres prix, le problème ne se pose pas : le prix bord champ fixé par le gouvernement ivoirien est de 1000 FCFA et le prix à l’usine est de 1080 FCFA. Mais ces prix, notamment le prix bord champ, pourrait connaître une baisse d’ici à la fin du mois d’avril qui va marquer la clôture de la campagne. « C’est justement ce moment qu’attendent les acheteurs pour se tourner vers les ports de la Côte d’Ivoire », ajoute notre interlocuteur. Pour l’heure, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui ont exigé et obtenu le paiement d’un différentiel de revenu décent (DRD) de 400 dollars USD aux producteurs, poussent les grands chocolatiers, notamment américains, à se tourner vers les pays où cet accord n’est pas exigé. Il s’agit de l’Indonésie, du Nigéria, du Cameroun, du Togo, de la Guinée, du Bénin etc. La marge bénéficiaire des chocolatiers, estimée à 100 milliards de FCFA (environ 200 millions USD), contre 6 milliards CFA (environ 12 millions USD) seulement pour les producteurs africains, est à l’origine de l’accord négocié et obtenu par la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial du cacao, avec 2.200.000 tonnes (soit 40% de la production mondiale), en tandem avec le Ghana, qui garantit une production de 1000.000 de tonnes, soit 20% de la production mondiale. Ensemble, les deux pays qui font 60% de la production mondiale, ont misé sur cette position pour obtenir l’accord de 2019 sur le DRD. Mais pour notre expert, le DRD et le prix bord champ ne sont pas les causes principales de la mévente du cacao ivoirien. Selon lui, c’est le prix CAF, le prix de la commercialisation sur le marché international qui pose problème. « C’est sur ce prix qui se discute sur le marché international qu’il faut agir », conseille-t-il. Cette thèse est pourtant balayée du revers de la main par un responsable de la Coopérative U-Interqui soutient que le DRD a brisé la campagne. Cette structure regroupe 1266 producteurs. « L’année dernière, il y a eu la Covid-19, mais la production a été écoulée, donc ce n’est pas la Covid-19, mais le DRD qui est à la base de notre problème ». Cette source déclare que les producteurs ont du mal à écouler leurs produits parce que les exportateurs « qui nous achètent le cacao sont en manque de contrat avec leurs clients à l’international », précise-t-elle. Le porte-parole du gouvernement, Sidi Tiémoko Touré, interrogé sur la question lors du conseil des ministres de la rentrée gouvernementale, le 20 Janvier dernier, a juste laissé entendre que le gouvernement s’occupe de la question. Il a ajouté toutefois que le gouvernement veillera à ce que le prix bord champ soit respecté. Les producteurs, eux, sont dans l’attente depuis novembre dernier.Ils devaient pourtant être payés un mois après l’ouverture de la campagne, en octobre dernier. Westaf Mining --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- NDLR : Le prix CAF en estimation est d’environ 1305,669 FCFA 100 USD équivaut à environ 50000 FCFA ------------------------------------------------ ----------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

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