Le « prix de référence de la bauxite », une chimère ?

La junte militaire en Guinée a émis une surprenante idée de « prix de référence » de la bauxite, sans tenir compte des nombreux paramètres qui ne permettent pas d’harmoniser le prix de vente d’un minerai exploité par plus d’une dizaine sociétés dans le pays. Le communiqué du conseil des ministres - du jeudi 09 Juin 2022 - n’a pas seulement été une occasion de remettre sur la table le dossier des fameuses « raffineries d’alumine » (voir WESTAF MINING édition numéro 29 du 15 Avril 2022 ) et envoyer ultimatum de 10 jours pour le dépôt d’un chronogramme de réalisation. Il a été aussi une occasion pour le colonel Mamadi Doumbouya de d’évoquer une idée si difficile à comprendre pour les spécialistes du secteur minier. « Il (Ndlr : le colonel Doumbouya) a déploré l’inégalité du prix de la bauxite dans les différentes sociétés comme si nous n’étions pas dans le même pays », a soutenu le communiqué. « Le Président (Ndlr : de la transition) a ensuite ordonné aux départements des mines, du budget et des finances de se pencher sur le cours mondial de la bauxite et de soumettre au Premier ministre le 15 juin le rapport pour examen avant transmission par celui-ci le vendredi 17 juin 2022 du projet d’arrêté conjoint fixant le prix de référence de la bauxite », précise le texte. Selon nos sources, plusieurs cadres commis à cette tâche ont souligné des difficultés évidentes pour trouver un prix standard pour un minerai soumis des contraintes difficiles à maîtriser pour les sociétés minières. « Il y a d’abord la teneur. D’un gisement à l’autre, elle n’est pas la même. Cela n’a aucun sens de vendre au même prix une bauxite à 42% d’alumine et une autre à 52 voire 54% d’alumine », explique une de nos sources. « Il faut ajouter à cela toutes les charges (logistiques, taille des ressources humaines selon les sociétés, etc) supportées par les entreprises. En fonction de la dimension des sociétés et de la distance qui sépare les mines des ports d’embarquement, on ne peut pas harmoniser cela comme s’il s’agissait de la même chose », souligne-t-elle. Il y a aussi le fait que les coûts du fret, même après le départ de la Guinée, ne sont pas les mêmes, selon de la distance à parcourir pour atteindre l’acheteur. Au moins 747 navires ont embarqué des cargaisons de bauxite à destination des ports étrangers (essentiellement en Chine) en 2021… D’après un expert du secteur, vouloir trouver un prix de la bauxite, sous prétexte que les exploitations se trouvent dans le même pays est un raccourci qui ne permet pas de saisir toutes les difficultés liées à une exploitation de ce type. « On agit comme si la bauxite était cotée en bourse. Ce n’est pas le cas et ça ne peut pas être le cas dans les conditions actuelles où seul la tonne d’aluminium est négociée sur les places financières », affirme-t-il. Un haut responsable a expliqué à WESTAF MINING que les cadres auraient tablé sur deux propositions : une expliquant l’impossibilité de matérialiser le prix de référence et une autre fixant un prix plancher à environ 25 dollars USD. Reste à savoir comment expliquer cela aux entreprises concernées et surtout aux autorités dont le volontarisme ne met pas en perspectives les enjeux liés au secteur minier, le plus dynamique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, de l’aveu même du Fonds monétaire international. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 92 du 15 Janvier 20255

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Westaf Mining - Edition n°33 du 15 Juin 2022

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