Les comptoirs d’achat et de vente d’or menacés par le secteur informel

Le secteur informel se révèle de plus en plus envahissant pour les propriétaires des comptoirs d’achat et de vente d’or au Mali. Ces derniers subissent une concurrence déloyale qui leur crée des soucis dans leur ambition d’extension de leurs activités. Sous l’impulsion du gouvernement, plus d’une centaine de comptoirs agréés ont vu le jour ces dernières années, officiellement pour faciliter l’accès des populations au métal jaune dans un pays qui est un des plus gros exportateurs en Afrique de l’Ouest. « Nous avons fait le choix de quitter l’informel pour nous déclarer au fisc. C’était pour nous une manière de lutter contre l’exploitation frauduleuse de l’or produit dans le pays », a dit à WESTAF MINING M. Karamoko Doumbia, président de l’Union des comptoirs et raffinerie d’or au Mali (UCROM). « L’Etat nous a donnés des papiers sans nous apporter sa couverture vis-à-vis de nos concurrents du secteur informel », a-t-il dénoncé. Les comptoirs agréés paient chacun parfois jusqu’à 500.000 francs CFA (environ 1000 USD) d’impôts et taxes chaque année, sans compter une autre charge dite « taxe d’attention », d’un montant compris entre 10000 à 15000 francs CFA, destiné à être pris en compte par l’Etat. « Payer de telles sommes d’argent à l’Etat et voir que des gens qui n’ont souvent même pas de place identifiable, passent ramasser l’or partout et le vendent à des gens qui l’exportent dans le grand désordre est l’une des plus grandes préoccupations des exploitants de comptoirs au Mali », se désole le président de l’UCROM. L’exploitation du métal jaune assure près de 10% du Produit intérieur brut (PIB) de ce pays d’Afrique de l’Ouest où elle contribue à hauteur de 20% au budget de l’Etat et représente 70% du volume des exportations. L’activité représente une importante niche d’emplois et une source conséquente de ressources pour l’Etat si elle était organisée, surtout dans les régions de Kayes Koulikoro et Sikasso (toute situées, à l’ouest du pays), estime M. Doumbia qui déplore l’absence de contrôle d’identité des exploitants travaillant dans les mines artisanales. L’inorganisation du secteur explique le fait que l’or « profite plus aux étrangers », regrette-t-il. L’institution des comptoirs n’a pas réussi à empêcher les exportations frauduleuses. Les quantités d’or échappant au contrôle de l’Etat dépassent de loin les quantités exportées qui passent par les formalités de pesée, souligne une autre source qui s’est adressée à WESTAF MINING. Les volumes d’or sortant du pays par des couloirs détournés sont un manque à gagner énorme pour l’Etat et une menace réelle sur l’existence des comptoirs que l’UCROM cherche à défendre depuis 2016. Le business est très lucratif et attire des acheteurs qui paient en devises étrangères, mais certains d’entre eux trouvent le moyen de se livrer au blanchiment d’argent en évitant les comptoirs agréés. L’UCROM est d’ailleurs sur un projet de Centrale d’achat destiné à récupérer le maximum d’or produit sur les différents sites. « La Centrale ne se limitera pas à l’achat et à la vente d’or. Elle entend également intéresser certaines personnes qui, sans travailler dans les mines, ont leur vie liée à cette activité », conclut M. Doumbia. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 90 du 30 Novembre 2024

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