L’inflation repart en hausse, la croissance affectée

L’économie guinéenne subit de plein fouet les effets de la pandémie de Covid-19 mais également les conséquences des certaines mesures prises par le gouvernement. La fermeture des frontières terrestres avec la Guinée Bissau et le Sénégal, officiellement pour des raisons de sécurité, et la dernière hausse de plus de 22% des prix des hydrocarbures n’arrange pas les choses. La dernière sortie du ministre du Budget, Ismaël Dioubaté, dans le cadre du projet de loi des finances rectificative, a dressé un tableau peu reluisant de la situation macro-économique, avec un taux d’inflation qui a bondi de 8 à près de 11%. La croissance économique, essentiellement porté par les industries extractives ces dernières années, a subi un contrecoup avec un Produit intérieur brut certes positif à 5,2%, mais en baisse par rapport aux prévisions initiales qui tablaient sur 5,5%. Ces chiffres qui semblent flatteurs eu égard à la situation de plusieurs pays de la sous-région ouest africaine, devraient être mieux étudiés du point de vue de certains observateurs. Selon un expert interrogé par WESTAF MINING, la situation globale s’explique en partie par le blocage des frontières terrestres, notamment avec la Guinée Bissau et le Sénégal, où les échanges avec la Guinée étaient très importants. « C’est un manque à gagner pour les producteurs qui exportent leurs cultures dans les pays voisins. Les camionneurs transportant des marchandises diverses, qui faisaient la navette entre les 3 pays ont vu leurs activités plombées. Ce sont des recettes en moins pour l’Etat », fait-il remarquer. Notre expert dénonce le fait que cette « crise diplomatique » entre Conakry, Dakar et Bissau survient au moment où la pandémie de Covid-19 a impacté les activités économiques, avec la limitation des déplacements, le couvre-feu à Conakry et les mesures barrières à observer. « Les banques ont limité leurs horaires de travail. De nombreux projets sont en berne en attendant des jours meilleurs. Au vu du faible niveau de la vaccination, il semble que la situation peut encore durer encore quelque temps », affirme-t-il. Par ailleurs, selon cet expert, les mesures visant à augmenter de manière brutale la fiscalité dans le pays devraient être « beaucoup mieux étudiées » afin de ne pas gripper encore plus la machine économique. « Nous ne devons pas décourager ceux qui ont déjà installé leurs entreprises, produisent ou fournissent des services indispensables, payent des salaires qui ont un impact direct non seulement sur les ménages mais sur l’ensemble de l’économie. Je pense plus sage de porter une réflexion sereine sur certaines mesures qui ont été prises ces derniers mois », conseille-t-il. Selon le ministre guinéen du Budget, la pression fiscale est passée de 13 à 14,11%, ce qui, du point de vue de notre expert, n’est pas sans conséquence par rapport aux prévisions des entreprises. En effet, des dirigeants d’entreprises, interrogés par WESTAF MINING se sont plaints de la « hausse brutale » des impôts et taxes. « Sans entreprises, on ne parle plus de PIB. Il faut faire preuve de souplesse et revoir la stratégie de mobilisation des recettes. Cette situation est intenable », conclut l’un d’eux. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

WESTAF MINING édition numéro 89 du 15 Novembre 2024

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