L’Israélien Steinmetz condamné à 5 ans de prison ferme après un scandale de corruption en Guinée

L’homme d’affaires israélien Beny Steinmetz, longtemps perçu comme l’un des magnats les plus puissants et les plus discrets du secteur minier mondial, vient d’être condamné à cinq ans de prison ferme par la justice suisse, après des années de procédure autour d’un scandale de corruption retentissant lié à l’obtention de droits miniers en Guinée. Cette décision, rendue en appel à Genève, marque la fin d’un long feuilleton judiciaire international et jette une lumière crue sur les pratiques opaques qui ont longtemps régné autour de l’exploitation des ressources naturelles africaines. L’affaire remonte au début des années 2000, lorsque le groupe BSGR, propriété de Steinmetz, obtient de manière controversée des droits sur le très riche gisement de fer de Simandou, l’un des plus grands gisements inexploités au monde. L’attribution de ces permis avait, dès l’origine, éveillé les soupçons des observateurs et des ONG spécialisées dans la lutte contre la corruption. L’enquête a révélé que des millions de dollars avaient été versés à Mamadie Touré, veuve de l’ex-président guinéen Lansana Conté, ainsi qu’à d’autres proches du pouvoir, dans le but d’obtenir l’accès à cette concession minière stratégique. Mais c’est bien l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en 2010 qui a fait basculer le dossier dans une toute autre dimension. Rompant avec la logique du silence et de l’impunité qui prévalait jusque-là, le président Condé a initié un vaste audit des contrats miniers signés par ses prédécesseurs. Déterminé à reprendre le contrôle des ressources nationales, il a révoqué la licence accordée à BSGR en 2014, dénonçant ouvertement les soupçons de corruption entourant le contrat. Cette décision politique a été le déclencheur des enquêtes internationales , notamment en Suisse, où la justice a commencé à remonter les flux financiers suspects entre Genève, Tel-Aviv et Conakry. Lors du procès, la cour a été convaincue de l’existence d’un réseau de corruption sophistiqué, piloté au plus haut niveau du groupe de Steinmetz. Des preuves accablantes, incluant des virements bancaires, des courriels, des contrats offshore et des témoignages clés, ont permis de démontrer que le milliardaire israélien avait utilisé des sociétés écrans et des intermédiaires pour acheter l’influence au sein du pouvoir guinéen. Malgré ses dénégations constantes, Steinmetz a été reconnu coupable de corruption d’agents publics étrangers. Le verdict, confirmé en appel, envoie un signal fort à la communauté internationale. Il consacre la fin d’une époque où certains hommes d’affaires pouvaient, à l’ombre des régimes autoritaires et au mépris des lois, s’approprier les richesses de pays parmi les plus pauvres de la planète. Si les avocats de Steinmetz ont évoqué un possible pourvoi en cassation, les chances d’un revirement semblent minces. D’autant que d’autres procédures pourraient suivre dans plusieurs juridictions, notamment en Israël, où le nom de Steinmetz est également cité dans des affaires similaires. L’ancien président Alpha Condé, bien que contesté sur d’autres aspects de son règne, apparaît aujourd’hui comme un acteur central dans la mise à nu de ce système. En osant s’attaquer à des intérêts économiques aussi puissants, il a brisé un tabou et ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés les juges et les enquêteurs internationaux. L’affaire Steinmetz pourrait ainsi faire école, dans un continent encore trop souvent victime du pillage organisé de ses ressources. Justice aura mis du temps, mais elle a fini par parler. Westaf Mining ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Copyright © Westaf Mining - Contenu protégé. Toute reproduction partielle ou intégrale, sans l'accord préalable et écrit de Westaf Mining , est strictement interdite.

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