Le retrait de plusieurs titres miniers — permis de recherche, d’exploitation et concessions — a provoqué un véritable séisme dans le secteur. Cette décision a directement affecté les activités de plusieurs entreprises minières détenues par des hommes d’affaires guinéens, souvent engagés en amodiation avec les titulaires de ces permis.
Selon de nombreux observateurs, dont d’anciens hauts responsables de l’administration minière, cette mesure surprise, dans sa forme actuelle, semble nettement favoriser les sociétés étrangères au détriment des entrepreneurs locaux.
« Les anciens ministres des Mines ont tous procédé au retrait de permis de recherche inactifs. Ahmed Kanté (2007-2008) a supprimé 250 permis de recherche, Mahmoud Thiam (2009-2010) a annulé au moins 200 permis, Mohamed Lamine Fofana (2010-2015) plus de 800, et Abdoulaye Magassouba (2016-2021) au moins 500 titres. Mais la grande différence entre ce que faisaient ces anciens ministres et la situation actuelle, c’est qu’ils prenaient en compte l’ensemble de l’écosystème minier et financier, incluant les acteurs du secteur, les banques, etc. », a expliqué à WESTAF MINING un expert du secteur.
« Là où les anciens responsables se concentraient surtout sur les permis de recherche, cette fois, ce sont des permis d’exploitation, des concessions minières et même des amodiations qui ont été visés. Pour cette catégorie-là, une discussion franche était utile avec les entrepreneurs guinéens qui sont les plus touchés par la décision. Hormis Emirates Global Alumina (propriétaire de GAC), ce sont surtout les Guinéens qui voient leur business bloqué. C’est une situation problématique pour leurs affaires car ils ont des engagements vis-à-vis des banques. », poursuit, cette source.
« Même les banques locales n’ont aucun intérêt à voir ces retraits maintenus. Les entrepreneurs guinéens réellement actifs, qui exportent et remboursent leurs prêts, sont essentiels au système. Les entreprises étrangères, elles, ne s’adressent pas aux banques locales car leurs capacités financières (autour de 10 millions USD) sont jugées insuffisantes », souligne l’expert.
L’expert suggère que l’administration minière envisage un moratoire pour les entreprises effectivement opérationnelles, le temps pour elles de régulariser certains manquements jugés « mineurs ».
« Il faudrait traiter les dossiers au cas par cas. Ce pays doit d’abord être construit par ses propres citoyens. Le Nigeria montre l’exemple avec ses milliardaires comme Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, ou Tony Ulumelu, patron d’United Bank of Africa (UBA). Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or dans l’espoir de décrocher de l’or », conseille un autre spécialiste du secteur.
Des sources concordantes indiquent toutefois que le ministère des Mines envisagerait de permettre aux sociétés déjà engagées dans l’exploitation et l’exportation de minerais — bauxite, or, etc. — de poursuivre leurs activités, mais dans un cadre révisé.
Parmi les entreprises concernées figure AGB2A-GIC, affectée par le retrait du permis d’Axis, où elle opérait en amodiation. En plus de ses obligations légales dont elle s’acquitte régulièrement, elle promet des recettes supplémentaires d’environ 50 millions USD au profit de l’État guinéen.
En 2024, cette entreprise 100 % guinéenne a exporté au moins 7,5 millions de tonnes de bauxite, avec des projections comprises entre 15 et 18 millions de tonnes pour cette année. Selon nos sources, elle est actuellement engagée dans un processus de concrétisation d’un projet de raffinerie d’alumine de spécialité.
Westaf Mining
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